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Niska Anishnabe
3 octobre 2012

J'ai lu pour vous : Elisabeth Badinter : Le Conflit, la femme et la mère.

badinter

 

        

Je suis certes bien loin des problèmes causés par la maternité mais le sujet de conciliation entre la vie de mère et la vie de femme ne me laisse pas insensible. Je me suis donc commandé ce petit ouvrage que propose Elisabeth Badinter : le Conflit : la femme et la mère.

Elle y tire à boulets rouge sur le regain d’intérêt pour une maternité au naturel, ce qui passe par : les couches lavables, l’allaitement prolongé (jusqu’à deux, trois, quatre, cinq ans !!) et le refus de la peridurale.

Dans cette œuvre Elisabeth Badinter propose une réflexion, un angle de vue et critique une conception extrémiste sans pour autant se réfugier dans le « totalement opposé ».  Elle souligne les inquiétudes que peuvent éprouver les femmes à l’évocation d’une maternité future. En effet certaines de mes amies me disent ne pas vouloir fonder de famille pour ne pas freiner leurs carrières. Il n’est visiblement pas acquis dans les fondements de notre société que les deux puissent aisément se mener de front. C’est exactement sur cela que Badinter va se pencher : La vision tyranique de la mère parfaite effraie les jeunes femmes et peut jouer un rôle rédibitoire dans le désir de devenir mère.

Dans sa critique elle désigne d’emblée ceux qu’elle juge responsables de ce nouveau tournant: les pédiatres réactionnaires et la leche league.

 La leche league c’est un collectif qui a pour but d’informer et d’aider les mères à allaiter. Le gros souci de cette organisation, et Elisabeth Badinter le pointe du doigt, c’est qu’elle défend des idées parfois extrêmes. Il n'y a qu'à lire des extraits de la charte (publiés dans le livre) pour avoir l’impression que la mère doit  ne plus exister que par son enfant et par les devoirs qui pèsent sur elle. Pour ce qui est du couple,la leche league  nie d’une certaine manière le rôle joué par le père : la mère doit dormir avec son enfant et le père, s’il n’est pas à même de comprendre peut prendre le canapé…  On y lit notamment le témoignage de certaines femmes ayant déclaré être tellement épanouies par l’allaitement et le cododo (dormir avec son enfant) qu’elles n’éprouvaient même plus le besoin d’avoir de rapports sexuels (hystérie bonjour, vie de couple au revoir).

La leche league, pour inciter à l’allaitement a publié un panel d’arguments plus ou moins convaincants : l’allaitement immunise davantage, l’allaitement protège des allergies, l’allaitement protège de l’obsésité, allant même  jusqu’à déclarer que les enfants allaités avaient un QI plus élevé. S’ils ont accepté les thèses précédentes les médecin ont réfutée cette dernière: La différence de QI n’a rien à voir avec l’allaitement, pour le reste, il y’a de forte chance que ce soit vrai. Une chose est sure l'allaitement ne peut pas être mauvais. Cependant ce qui devait n'être qu'une aide à l'information devient un réquisitoire contre la mère non allaitante. C'est ce qu'on observe à la lecture de quelques points essentiels de la charte, par exemple : l'amour maternel ne naitrait que par l'allaitement, une mère qui n'allaite pas serait donc une mauvaise mère. Dans le livre de Badinter on peut lire également qu'une mère doit rester auprès de son enfant (c'est à dire sans activité professionnelle) jusqu'à ce qu'il ait sept ans. Pour continuer le florilège cette phrase m'a particuliérement marqué : « Idéalement  l’allaitement se prolongera jusqu’à ce que le bébé n’en ait plus besoin ». Si l’on y réfléchi  jamais un enfant ne montrera qu’il n’a plus besoin du sein de sa mère qui représente douceur et sécurité, c’est à sa mère de lui apprendre à se détacher et à voir autre chose. 

La leche league ne s'attache pas qu'à promouvoir l'allaitement, elle préconise aussi le non recours à la péridurale : « La participation consciente et active de la mère pendant son accouchement favorise un bon démarrage de l'allaitement, en consolidant le couple mère-enfant". La LLL impose l’idée selon laquelle une mère qui choisi la péridurale ne « consoliderait » pas le lien « mère-enfant ». Qu’on ait envie ou pas d’accoucher avec la péridurale n’engage que la mère et il est inadmissible d’oublier que ce fût un grand progrès pour la femme. Il faut donc laisser le choix.

 Quand je lis le sigle de la leche league : « LLL » j’entrevoie  trois bâtons, trois pieux autour desquels s’enroule la lourde chaine de la maternité. la LLL milite pour un étouffement de la femme par la mère alors que vécu sainement et à son rythme la maternité permet aux deux de cohabiter.

Récemment plusieurs jeunes mères m'ont raconté leur expérience commune, dans quatre maternité différentes ces femmes ont été quasiment forcées à allaiter leur enfant alors qu'elles n'en avaient pas envie. Aussitôt rentrée chez elles, elles ont arrêté de nourrir au sein leur enfant. Quelques jours plus tard une représentante de la LLL leur a téléphoné à chacune pour savoir comment se passait leur allaitement, lorsqu'elles ont déclarer ne pas allaiter c'est comme si elles avaient avoué un meurtre. Elles se sont littéralement faites sermoner par téléphone. Ces quatre femmes m'ont confié avoir été brusqué par ces méthodes  (autant celles de la maternité que celle de la leche league) et être braquées contre l'allaitement.

L'allaitement est, j'en suis convaincue, une bonne chose, saine, naturelle et qui promet une belle aventure à ceux qui le choisissent. mais il est important de l ne pas considérer la mère non allaitante comme egoïste, déjà parce qu'elle ne laisse pas non plus son enfant mourir de faim et puis aussi parce que chacun dispose de son corps et est libre de décider. Je ne critique absolument pas l’allaitement, parce que son côté naturel le rend incritiquable, parce que la durée et l'intensité de l'allaitement ne dépend que de la volonté de chacun, et parce que je ne sais absolument pas la décision que je prendrai quand mon tour sera venu. Mais l’aillaitement doit être vécu avec plaisir et non par contrainte. Forcer une femme à allaiter peut mettre dès le départ un frein à son épanouissement en tant que mère.

 

 La leche league est en soi un bon principe de base : elle est là pour aider les jeunes mères et ce serait à priori un bon concept si elle ne s’evertuait pas à jouer sur la corde sensible et le sentiment de culpabilité. La maternité est entouré de mystère, de doute et d'inquiétude et toute jeune mère ferait n'importe quoi pour "bien faire" et pour rien ne lui soit repproché. 

Pour revenir et parler plus généralement du livre d'Elisabeth Badinter, j'ai beaucoup aimé la réflexion qu'elle propose au lecteur, ses arguments sont justes et appuyés par des chiffres évocateurs. J'ai passé un agréable moment à la lecture de son essai. Au-delà du problème d'allaitement, de couche et j'en passe elle se pose de vraies questions sur le rôle de la femme et sa place dans la société, un rôle qui patie parfois de la maternité : "La répartition des tâches ménagères entre hommes et femmes reste identique. Les femmes sont toujours payées 20 % de moins que les hommes, sont plus malmenées par le chômage, et sont les premières victimes du temps partiel subi."

Maternité et travail sera probablement un sujet abordé plus tard par ce blog. 

 

Niska

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